Dans mon ancienne vie, juste avant mon diagnostic, j’animais des ateliers de création artistique au Centre de femmes L’Autonomie en SoiE de Saint-Hyacinthe. Dans le cadre d’un de ces projets, j’ai eu la chance de m’informer sur le care ou éthique du care ou de la sollicitude.
Dans mon texte précédent je parlais de ma super équipe qui me rend la vie plus belle et plus facile. C’est souvent la partie du prendre soin dont on parle parce que la très grande majorité des questions éthiques et morales se trouvent du côté de ceux qui prodiguent les soins. Mais il y a l’autre partie de l’équipe dont on parle moins, la personne aidée. J’ai évidemment réfléchis à mon rôle dans cette dynamique. J’ai eu la chance de lire le livre Un monde vulnérable de Joan Tronto, ainsi que plusieurs textes que vous pourrez facilement trouver sur internet si le sujet vous intéresse.
Quel est le rôle de l’aidé.e dans une relation de proche aidance? Parce qu’on ne fait pas que recevoir des soins de façon passive. Selon notre état de santé, on peut être tout à fait parti prenante de la dynamique.
Ce que je vois et expérimente depuis les deux dernières années c’est qu’il ne faut pas avoir peur ou être mal à l’aise de demander. Si la personne à qui on fait la demande n’est pas en mesure de nous aider à ce moment-là ou de nous offrir le type d’aide dont nous avons besoin, elle peut le signifier. (Et il faut être en mesure d’accepter que la personne ne soit pas en mesure de nous aider).
Aussi, il faut être le plus clair possible dans ses demandes. Ça sauve du temps et des moments de frustration pour tout le monde impliqué. Et il faut pouvoir le dire aussi quand on ne sait pas! Par exemple, je suis incapable de cuisiner et en plus j’ai une diète différente de mon Chéri, alors plus tôt je sais ce que je vais avoir envie de manger au souper, plus c’est facile pour lui de planifier son temps et ses actions.
Et… et il ne faut pas avoir peur d’abuser des mots-lubrifiants de nos relations sociales : s’il-vous-plaît et merci. Ce sont de petits mots magiques qui peuvent tout changer!
Dans les derniers paragraphes j’écris « il faut ». Je suis bien consciente que c’est un work in progress de mettre tout ceci en œuvre selon la relation que nous avons avec la ou les personnes qui nous aident. Disons que c’est un objectif à viser…
Références
Tronto, Joan. 2009. Un Monde vulnérable. Pour une politique du care, Editions La Découverte
Zielinski, Agata. 2010. L’éthique du care. Une nouvelle façon de prendre soin. https://www.cairn.info/journal-etudes-2010-12-page-631.htm#no13
- L’oiseau de la photo est une tourterelle triste.
10 réponses à “Être aidé.e”
Un autre bon article Caroline. Tu nous fais connaître un autre point de vue sur cette maladie. Aider et être aidée. On ne sait pas toujours comment on peut aider .
Merci! Et non c’est sûr qu’on ne sait pas toujours ce qu’on peut faire pour aider… la meilleure façon de le savoir c’est de demander!
J’aime beaucoup ton sujet car je viens tout juste de commencer à aider une personne qui est prit du coeur, c’est une amie dans la soixantaine, elle fonctionne, elle a toutes ces habitudes et on s’entend bien. Mais je sens que je ne veux pas trop la prendre comme »une malade », j’attend qu’elle me demande des choses, je l’aide, et une fois je lui ai dis de se reposer et je pense qu’elle a apprécié. En tout cas son mari va me rappeler…c’est tout nouveau…je veux rester moi-même et non une »aidante du CLSC »…
Wow! C’est super Roxane! C’est très gratifiant d’aider comme ça, sans « attache ». Et tu as bien fait je pense de lui dire de se reposer. Des fois ça fait aussi parti de la « job » de l’aidante de prodiguer des petits conseils. Après, libre à la dame de les suivre ou non!
L’aidé(e), son opinion, son ressenti, c’est presque qu’un tabou d’en parler! Merci d’ouvrir ce dialogue! J’espère aidera d’autres couples aidant-aidé à ouvrir sur ce sujet!
Il faut vraiment lire et réfléchir sur le sujet du « care » (et toute la recherche autour de ça) pour en entendre parler, sinon j’ai l’impression qu’on reste dans l’imaginaire (et pour certaines personnes qui donnent des soins même professionnellement) dans une logique très judéo-chrétienne d’abnégation et de… contrôle.
Merci pour ton article Caroline. Je te souhaite de retrouver la santé. Prends bien soin de toi !
Merci Isabelle! Prend soin de toi aussi!
J’adore !!!
Merci! 🙂