Faire de la limonade

Comme c’est écrit en sous-titre, mon blogue est un projet de recherche-création dans le cadre de ma maîtrise en étude des pratiques psychosociales (sans doute la plus belle maîtrise de science humaine existante!) à l’Université du Québec à Rimouski. Comme le titre le dit, c’est une maîtrise qui demande aux étudiant.e.s de se pencher sur leur propre pratique. Quand je me suis inscrite en 2018, je terminais le programme court de deuxième cycle en étude de la pratique artistique, aussi à l’UQAR, et je suis tombée littéralement en amour avec cette idée de regarder, d’observer ses propres façons de faire pour en tirer des méthodes, des théories, des concepts applicables à d’autres personnes ayant des pratiques semblables.

À la fin de ce parcours, je me suis inscrite à la maîtrise pour continuer d’étudier ma pratique artistique. J’ai vite découvert à l’étape de la problématisation que je vivais des passages où je ne réussissais plus à créer. Des passages qui pouvaient durer des mois, voire même des années. Et que je vivais difficilement ces passages. À ce moment ma question de recherche était « Comment garder vivant le feu de la création? » C’est donc vers là que la recherche me menait. Puis, à l’automne 2019, alors que j’entamais la deuxième année de ce processus, j’ai reçu ce diagnostic coup de poing.

J’ai pris une pause de la maîtrise jusqu’au milieu de l’été 2020, puis je me suis sentie d’attaque pour poursuivre. J’avais besoin de me remettre en mouvement intellectuellement. J’adore les romans policiers, mais j’avais besoin de quelque chose de plus costaud à me mettre sous la dent! Alors, j’ai communiqué avec ma fantastique directrice de recherche, Danielle Boutet (vous pouvez lire certains de ses textes ici et ici), et en discutant nous sommes vite arrivées à la conclusion que ma recherche devait se transformer pour accompagner ma nouvelle pratique : vivre avec la maladie. Au fil des mois ma question de recherche s’est précisée : comment vivre avec une maladie chronique potentiellement mortelle?

Depuis l’été 2020, et même avant parce que mes anciennes données peuvent être analysées à la lumière de ma « nouvelle » question, j’accumule des données, en général sous forme de textes : textes phénoménologiques (des textes qui racontent un événement au plus proche de l’expérience et qui commencent souvent par « je me souviens »), récit autobiographique, journal, mais aussi rêves, imaginations actives (Jung) et travail symbolique. La semaine dernière, j’ai commencé à analyser ces données en tâtonnant un peu, tout en lisant L’Analyse qualitative en science humaine de Paillé & Mucchielli. Puis j’ai jasé avec ma directrice de recherche qui m’a confirmé que l’aspect « recherche » de mon processus était terminé (pratiquement). Il ne me reste qu’à écrire sur cette fantastique expérience du blogue, et rédiger un texte mettant en scène mes « figures symboliques » (j’y reviendrai). L’analyse de mes données va bon train, et je pourrai sans doute commencer la rédaction de mon mémoire quelque part au moins d’avril.

C’était vraiment nécessaire pour moi d’utiliser l’expérience de la maladie pour la dépasser. Aller au-delà et voir ce qu’elle renferme.

Comment vivre. Comment vivre avec la maladie.

Comment prendre un citron vraiment très, très sûr et en faire de la limonade pour un beau jour d’été…

  • L’oiseau de la photo est évidemment un joli colibri, au repos dans le grand peuplier.

10 réponses à “Faire de la limonade”

  1. Il y a tant de lumière dans ta démarche, tant de joie et d’amour! Depuis tes premiers texte dans la cadre de ce blogue, ce qui me frappe c’est à quel point un petit moment de joie dans ta journée, la transforme complètement. Comme ce colibri qui se chauffe au soleil dans son environnement flouté. C’est le sujet de ta photo qui est important, et non le feuillage autour… Comme tes moments de joie (plaisir intellectuel, amour, amitié, compassion) deviennent le sujet principal de ton oeuvre, tandis que le reste est flouté et de second ordre…

    • La joie va se retrouver sans doute au premier plan de mon mémoire de maîtrise d’ailleurs. Un, deux, cinq petits moments de joie dans une journée et la journée est transformée. Je sais que je peux me dire que j’ai passé une bonne journée! 🙂

  2. J’ai toujours pensé que la limonade était indispensable chaques jours 🙂 pour toute les situations. Comme tu dis ça rends le citron moins dur ! 😉

  3. Je viens de lire toutes tes publications ma belle Caroline. Que de résilience, de positivisme, de soif de vivre, de foi et de courage. Tu es TRES inspirante et une source de Lumière pour d’autres qui comme toi, doivent traverser toutes ces démarches, tous ces traitements et leurs effets secondaires. Ta relation avec la nature, ton approche face aux saisons, le beau que tu vois autour de toi, quand plusieurs d’entre nous ne prennent même pas la peine de jeter un œil bienveillant sur ce que la nature nous donne. Tu as une très belle plume et ce n’est pas donné à tous. Un talent exceptionnel pour exprimer ton ressenti. Merci à toi de nous ouvrir les yeux sur ce que nous ignorons trop souvent. Tu mérites d’être lu et reconnu.
    Bisous 😘 et câlins 🫂 de Jacques et moi xxx

    • Merci Diane pour ton beau commentaire. Je me trouve chanceuse de pouvoir garder mon attitude positive malgré la maladie. Ce n’est malheureusement pas donné à tout le monde… J’ai beaucoup de plaisir à écrire et à partager tout ça, ces expériences « surprises » que la vie m’amène. Merci de me lire xxx

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